Auteur : Luc Palgen.
Un hiver exceptionnellement enneigé et les remontées mécaniques fermées ont dopé la fréquentation du milieu montagnard sauvage. Randonneurs en raquette, skieurs de randonnée nordique et skieurs de randonnée alpine ont redécouvert une nature vierge et purifiée. Mais comment la faune sauvage a-t-elle perçu ces visiteurs ? La réserve naturelle nationale de Chastreix-Sancy a souhaité éclairer les pratiquants de sports hivernaux sur le sujet et donner les bonnes pratiques. COVID oblige, seules de petites réunions, avec des encadrants sportifs, ont été organisées à ce jour.
Le samedi 13 février, Amanda Prime, chargée de mission réserve naturelle pour le compte du PNR des volcans d'Auvergne, s'adresse à sept encadrants des CAF Clermont-Auvergne, Cournon et Issoire. Voici un résumé très réducteur de sa présentation très intéressante.
En hiver, les animaux économisent au maximum leur énergie. Ils doivent lutter contre le froid et, en même temps, ont peu de choses à se mettre sous la dent. Quand l'homme les fait fuir, ils consomment une énergie précieuse ! Un animal ne sait pas distinguer un chasseur d'un sportif, il détale de toute façon. Ses sens sont plus aiguisés que les nôtres, il peut être dérangé sans que nous ayons perçu sa présence. S'il décide de ne pas fuir, il n'en est pas moins stressé. Et chez l'animal comme chez l'homme, le stress est mauvais pour la santé !
Que faut-il faire ? Amanda nous donne plusieurs bonnes pratiques. Entre autres :
• rester sur des itinéraires connus, auxquels les animaux s'habituent
• éviter de sortir, ou se montrer très prudent, quand la neige est profonde et le temps très froid. C'est à ce moment que les fuites sont les plus énergivores
• pratiquer la technique de l'entonnoir en ski de randonnée : resserrer les traces à l'approche d'une forêt et se suivre dans celle-ci. Les forêts sont des refuges pour les animaux. En revanche, les skieurs peuvent évoluer en toute liberté dans les secteurs ouverts et très enneigés
• éviter de longer une lisière de forêt. C'est un lieu d'alimentation de la faune
• s'informer sur la localisation des zones de sensibilité de la faune afin de les contourner
La technique de l’entonnoir
Un chamois se nourrissant à une lisière
Mais l'intérêt de la présentation, c'est aussi qu'Amanda nous dévoile toute sa connaissance de la faune et de la flore sauvage. Dans une approche à la fois concrète et scientifique, elle nous apprend comment les animaux s'adaptent à la saison froide : hivernage, hibernation, migration, regroupement des individus, adaptation du pelage, constitution de réserves et bien d'autres techniques encore. Amanda nous montre un échantillon des trois couches de la fourrure hivernale du chamois.
Une espèce vit dans un domaine étendu mais elle n'en défend qu'une partie, son territoire, qui est le siège de la reproduction et du repos. Un oiseau qui s'approche d'un sportif ne vient pas le saluer. Le plus probable est qu'il cherche à protéger son territoire.
En réponse à nos questions, Amanda nous parle de la santé d'espèces emblématiques de la réserve : chamois, mouflon, merle à plastron, apollon d'Auvergne (un papillon endémique), joubarbe (une fleur) et d'autres encore.
Amanda a en projet de renouveler sa présentation dans le cadre d'un forum Stations du Sancy – PGM – Réserve, qui parlerait de la sécurité en montagne et de la sensibilité de la faune sauvage en hiver. Rendez-vous en fin d'année !