Le matériel d’entretien des skis de rando

Didier-Michel MARTiN, CAF Clermont-Ferrand 2014

Sommaire

1. Entretien des skis

La pratique du ski de randonnée soumet le matériel à rude épreuve, aussi un entretien minutieux du dit matériel est garant de sorties réussies.
Un entretien régulier donne plus de fiabilité et limite ainsi le risque de casse durant les sorties, gage de sécurité et de plaisirs pour le skieur.

Les points essentiels sont les conditions de stockage, l’état et le réglage des fixations, l’état des carres, des semelles et des peaux.

Cet opus décrit le matériel nécessaire et les grands principes. Pour apprendre, le mieux est de se rendre au CAF lors des ateliers d’apprentissage / démonstration. Le dernier a été tenu par Michel Debord et Raoul Serre.

Les numéros figurant en annotation dans le texte font référence aux photos des pages 5 à 9.  

1.1. Conditions de stockage
Pendant les intersaisons, il est recommandé :
1. de régler les fixations à leur minimum, afin de ne pas solliciter inutilement les ressorts.
2. d’éviter de stocker les skis l’un contre l’autre, ce qui aurait pour effet de réduire la nervosité des skis et aussi de corroder les carres
3. de stocker les skis fartés afin d’éviter un assèchement des semelles

1.2 L’entretien de la semelle : réfection de l’état de surface et fartage
L’état de surface des semelles est fondamental pour une bonne glisse. Il est donc nécessaire de boucher les trous éventuels et de farter les semelles. Ainsi, adhésion des peaux, facilité de glisse et de déclenchement des virages seront significativement accrues.

1.2.1 Nettoyage la semelle.
Placer les skis sur des tréteaux ou les fixer à l’aide de deux étaux[9] .
A l’aide d’un racloir[23], retirer toute trace de colle (issue des peaux), de fart ou autre pollution. Ensuite préparer l’état de surface pour une bonne accroche en frottant avec un Scotch-Brite puis une brosse[21] à poils de bronze. Enfin à l’aide d’un réglet posé sur le chant, vérifier la planéité de la semelle entre les carres.

1.2.2 Bouchage des trous : 
A l’aide d’un briquet allongé[1], chauffer le bâtonnet[2] (polyéthylène translucide ou noir selon couleur de la semelle) jusqu’à fusion de ce dernier afin de boucher les tous ou rainures accidentels. Laisser refroidir, puis retirer les surépaisseurs avec un cutter ou un racloir métallique.
Les rayures peu profondes seront quant à elles éliminées lors du fartage.
NB : cette opération peut aussi être réalisée avec un pistolet à bâtonnets.

1.2.3 Farter les semelles: 
Cette opération est à réaliser régulièrement, i.e plusieurs fois dans la saison pour assurer les performances précitées. un blanchiment de la semelle est le symptôme de la nécessité d’un fartage.
Deux techniques sont possibles, le fartage à froid et le fartage à chaud.

L’intérêt de la 1ere est d’être réalisable n’importe où, le dépôt s’effectuant avec une pâte [25a] en tube répartie avec un chiffon. L’inconvénient est qu’il est assez éphémère.

La 2nde, dit fartage à chaud, nécessite plus de matériel, un fer à farter ou, à défaut, un vieux fer à repasser[22b] et un pain de fart  [22a]  qui est une cire permettant de recouvrir les aspérités de la semelle à l’état brut.
Après étalement puis refroidissement, le fart doit être égalisé à l’aide d’un racloir[23]  en plastique, puis lustré, par exemple avec un chiffon. Pour garantir l’adhérence des peaux, les farts à base de fluor sont à bannir.

1.3 L’affûtage des carres
Le but de cette rénovation est de redonner du tranchant aux carres afin de permettre une bonne accroche en neige dure voire gelée et de faciliter le déclenchement des virages grâce à une bonne homogénéité à l’état de surface des carres
Deux possibilités s’offrent au skieur :
1. L’affûtage chez un professionnel qui utilisera un banc plat à rouleaux recouvert d’une toile abrasive.
2. L’affûtage « à la maison » à l’aide d’outils relativement simples.
Le 1er est la solution de facilité permettant d’obtenir un très bon résultat, mais qui a l’inconvénient majeur d’user prématurément le couple semelle/carres car beaucoup de matière est retirée.
Le 2nd  limite au maximum l’enlèvement de matière et donc l’usure du ski, mais demande un vrai savoir-faire. Le matériel nécessaire se constitue :
   - une paire d’étaux[9]  à ski. Autre solution moins onéreuse, des serre-joints qui seront placés sur le coté opposé des carres à rénover.
   - une gomme[14]  à carre
   - du papier abrasif
   - un appareil à affûtage de carres[12]  & [13] permettant des affûtages à 90°
   - une lime douce[11] .
Le mode opératoire est le suivant :
Le ski étant placé dans les étaux[9] , commencer par la face coté semelle afin d’éliminer les dommages dus aux cailloux.  faire glisser en tirant l’outil[12]  & [13]  ou la lime plate[4]  vers soi de la spatule au talon. Renouveler l’opération jusqu’à ce que la surface soit parfaitement lisse¨. Prendre garde à ne pas laisser de limaille sur la semelle lors de l’opération. Ensuite passer l’outil sur le chant, toujours en tirant l’appareil vers soi. Contrôler le tranchant en faisant glisser l’ongle sur la carre.

Enfin à l’aide de la lime plate ou de la « gomme à carres[14] »  émousser les extrémités des carres et du talon sur  20 cm de long environ : cette opération permettra d’obtenir une bonne maniabilité des skis.

1.4  Repositionnement ou réparation d’une fixation tout ou partie arrachée 
Le but de cette opération est de redonner la résistance nécessaire à une fixation s’étant désolidarisée du ski. Le travail doit être réalisé avec soin et avec de l’outillage ad-hoc pour pouvoir garantir le niveau de robustesse requis.
Pour cela, retirer la fixation en dévissant tous les supports, puis agrandir  le trou endommagé à l’aide d’un taraud[41]   afin de fixer un insert[42]  qui permettra de repositionner le type de vis préconisé pour la fixation (diamètre et profondeur).
Après l’opération de calibrage du trou, de la colle à bois[43] , de préférence vinylique, sera déposée dans le trou afin d’assurer l’étanchéité de la réparation.



1.5  Ré-encollage des peaux 
Le collant des peaux sur la semelle est garant d’efficacité et de fiabilité en montée. Aussi, lorsque l’efficacité de la colle diminue, un remplacement de cette dernière devient impératif, ce qui évitera des problèmes de décollement partiel ou total de la dite peau, principalement lorsque la neige est très humide.
Deux opérations sont possibles, la rénovation partielle ou totale.

1. Rénovation partielle : peut se faire :
   => à froid, à l’aide de colle pulvérisable[37]  en tube[36] : il s’agit souvent d’une réparation de fortune réalisée lors d’une sortie, principalement coté talon.
   => à chaud, à l’aide de bandes de ré-encollage ou colle en rouleaux[34] : le procédé est décrit si dessous. Notons que le rouleau de colle doit être un peu plus large que la peau de sorte à recouvrir intégralement cette dernière.

2. Rénovation intégrale :
Le mode opératoire est le suivant :
Etendre la peau sur toute sa longueur en fixant une de ses extrémités (serre-joint) par exemple. Puis à l’aide d’un racloir chauffant [33] , retirer l’intégralité de la colle polluée.
Cette opération terminée, reste à déposer une voire deux couches de colle en rouleau de la façon suivante : placer des feuilles de papier ou carton sous la peau de sorte à ne pas salir le support utilisé pour maintenir la peau. Dérouler le rouleau sur lequel est posée la colle puis à l’aide d’un vieux fer à repasser ou d’un fer à farter chauffer la surface de façon à se que la colle vienne se fixer sur la peau. Retourner la peau puis à l’aide d’un cutter ajuster la laize de colle à la largeur de la peau.
Renouveler l’opération pour obtenir un collant optimum.

NB : il existe des peaux ne nécessitant pas d’entretien, le collant étant assuré par un type de silicone.