Lors de la dernière sortie initiation, fin octobre, à la Crête de Coq, je grimpe tranquillement et j'aperçois dans une voie parallèle, à quelques mètres, un grimpeur qui descend en rappel, sans casque et sans frein...  la montagne est un espace de liberté !!

Quelques minutes plus tard, je le vois qui remonte péniblement sur sa corde... sans avoir mis son réverso en position autobloquante… liberté encore !

Une fois au relai en haut de la Crête de Coq, le même jeune grimpeur arrive sur mon relai suivi de sa seconde. Comme il est de règle, je les accueille avec bienveillance et j’engage la conversation pour attirer leur attention sur les risques encourus : je rappelle qu’à la suite du dernier accident ici-même avec absence de casque, la grimpeuse est toujours dans le coma. Petit couplet complémentaire pour insister sur l’utilité du frein. « Je n’ai qu’une cordelette et je la laisse à ma mère ». La pauvre grimpe pour la première fois et ce gentil garçon l’initie à l’escalade grandes voies. Je comprends mieux pourquoi cette dame pâlit de plus en plus au fil de mon discours.

Ils grimpent avec une corde à simple de 60 m alors que presque toutes les voies nécessitent beaucoup plus long pour les rappels. Voilà pourquoi je l'ai vu remonter sur sa corde… trop courte.

Je les invite à descendre dans notre voie en quatre rappels de 25 m et le laisse le garçon partir.

Au tour de la mère maintenant. Elle a un huit et un ficelou, mais elle est bien incapable de les installer pour descendre... (« Mon fils m'a pourtant expliqué ! »). Je fais de l'assistance et, surprise, le ficelou est fermé par des nœuds de pêcheur simples, autant dire pas attaché. Je confisque l'objet du délit et prête un ficelou conforme.

Ils finiront la descente sur notre rappel.

La maman est bien pâle encore au pied des voies et se confond en remerciements : « Pourtant mon fils grimpe dans un club" ! ». En salle, probablement ?

Cette aventure se termine bien malgré l'humiliation (que j'espère salutaire) du jeune grimpeur.

Rédigé par Bernard Finas.