La Roche Troucade

Le 08.08.2021, par ElisabethV-e55, 1 commentaire


Sept heures et demie, Agnès, Catherine, Emily, Stéphane, Thierry et moi sommes au rendez-vous à Montpeyroux en ce dimanche 11 juillet 2021 pour la randonnée organisée par Stéphane et qu’il a nommée « La Roche Troucade ». La terminaison du mot en « ade »  chante la langue d’oc et en effet, le départ de cette randonnée est à Albepierre dans le Cantal. Albepierre signifie roche blanche en occitan et est une belle évocation de l’aube. Arrivés au parking qui surplombe ce joli village fleuri, nous prenons sacs, bâtons et gagnons le chemin. 

 

Assez rapidement, les choses sérieuses commencent car sous le couvert de la forêt s’amorce un important dénivelé : 200 mètres sur 500 de distance. Les dernières vestes tombent et les bâtons apparaissent, mais l’ascension est assez rapide car nous sommes tout frais ! Au coeur de cette forêt, nous passons une sorte de porte naturelle : un passage étroit entre deux hauts pans de roche. C’est la Roche Troucade ou Roche Trouée.

Arrivés tout en haut, un large sentier perpendiculaire nous permet de gagner un plateau montagneux puis une nouvelle zone boisée dans laquelle nous nous engageons profondément. Plusieurs possibilités de cheminement s’offrent à nous, mais de quelque côté que l’on regarde, il n’y a que des arbres. C’est le meilleur moment pour un exercice d’orientation sans GPS. Carte, boussole et phosphore. Nous sommes un peu perplexes car devant l’azimut trouvé, il n’y a nul chemin. Stéphane nous donne alors la direction et explique qu’en effet, c’est le bon azimut car…  le chemin est coudé un peu plus loin.

Stéphane nous emmène maintenant à Lescure où nous découvrons les vitraux bien conservés de l’église Notre-Dame de la Visitation et son enceinte de jolis fers forgés. Un petit tour par la fontaine du village et il est temps de repartir, direction le puy de Niermont que nous longerons plus loin. En ce pays au patrimoine religieux riche, nous découvrons aussi une croix très originale : la croix de l’Apparition. 

Après un cheminement relativement plat, nous atteignons « l’altitude gentiane ». Ici et à cette époque, elle fleurit de loin en loin. Nous devons traverser un pré quelque peu occupé… Les hôtes en robe Salers et collier sonnant, nous accueillent d’un oeil méfiant voire hostile. Nous constatons qu’il y a des petits dans ce troupeau. 

 

Nous accédons donc au pré délicatement, en file indienne, bien regroupés, bien concentrés et longeons la clôture. Le troupeau s’approche de nous et nous impressionne un peu mais nous avançons résolument, un oeil sur lui et l’autre vers la sortie du pré. Il rebrousse chemin, reprend le cours de sa vie et nous franchissons la clôture non sans un certain soulagement. 

Encore quelques efforts vers les hauteurs pour atteindre un promontoire rocheux que nous apercevons un peu plus loin sont nécessaires afin d’atteindre l’altitude « déjeuner au soleil ». Nous avons déjà avalé tout le denivelé du jour comme hors d’oeuvre, alors le plat de résistance est le bienvenu. 

Seulement… avant...  reprise du jeu « orientation » :

- Comment s’appelle le lieu où nous déjeunons ?

Lecture du paysage : à gauche le puy de Niermont, ici le Plomb du Cantal, presque en face le cirque de Chamalière, une croix qui sur la carte est là, donc nous sommes sur le lieu nommé « la Montagne de Chairol ».

-  Bien. Et maintenant, où est le sud ?

- Alors, il est treize heures, le soleil est ici : le sud est là !

- Parfait.

Pour ceux à qui il restait un doute, Stéphane donne une indication supplémentaire pour déterminer les directions : notre ombre.

Expérience mémorisée.

Bon appétit. Avec une vue à 360°, assis sur nos fauteuils rocheux et les sonnailles comme musique d’ambiance, c’est bien agréable. 

Nous repartons direction Prat-de-Bouc en devisant gaiement car il ne subsiste aucune difficulté particulière pour atteindre le col. Tout est en descente. Avec ce beau soleil, la station est comble. Heureusement, les distances covid sont respectées et nous trouvons une table libre pour nous installer et commander de quoi nous rafraîchir. Certains optent pour des boissons classiques et d’autres, malgré quelques blagues spontanées, consomment local : de la bonne eau de Prat-de-Bouc 

Prat-de-Bouc dont on prononce le c final, dixit la serveuse native d’Albepierre, est en plein essor avec le développement d’activités de pleine nature.

Nous quittons la table et Thierry tient à souligner :

- Nous allons emprunter le chemin des Clunisiens.

- Des Clunisiens ?

Eh oui ! Après recherches, l’abbaye de Cluny qui possédait un important patrimoine bâti, avait essaimé aussi dans le Cantal... Une étude des chemins historiques, commandée par une association désireuse de dynamiser le tourisme, a été fructueuse et a permis, grâce aux archives compulsées par des historiens, de mettre au jour cet itinéraire qu’empruntaient jadis moines et pèlerins pour se rendre du prieuré de Bredons (non loin d’Albepierre) à celui de Manhaval dans l’Aveyron par les crêtes du Cantal. Ce parcours est devenu le GR 465 que nous empruntons en partie aujourd’hui. Il est par ailleurs un trait d’union entre deux morceaux du chemin de Cluny à Saint-Jacques de Compostelle puisqu’il va de Murat jusqu’à Conques.

Nos pérégrinations nous mènent à une portion de voie romaine où nous pataugeons allègrement car il a bien plu ces derniers temps et aucun renvoi d’eau ne vient canaliser ces « flots » qui s’écoulent sur toute la largeur du chemin. Caché par des herbes hautes, un vestige du XVIIe siècle est mentionné sur un panneau explicatif. Il s’agit d’une des bornes en pierre de lave sculptée d’une fleur de lys en relief dans un écusson dont Colbert avait fait jalonner la vaste forêt domaniale de Murat.

Puis nous traversons le Lagnon sur le pont de Larmont. Ce dernier est vraiment surprenant car d’une forme très particulière, originale. D’une conception assez simple mais efficace, il se présente sous la forme d’un pont sans parapet. Des piles de mégalithes sont coiffées d’énormes dalles bien plates qui forment  le tablier... Il remonterait au temps des Gaulois.

 

De nombreuses cascades jaillissent tout au long de la fin du parcours. Nous en entendons le doux bruit avant de les apercevoir. Ainsi celle des Vergnes puis celle des Prés Longs qui semble avoir creusé des sillons verticaux dans le basalte.

Merci, Stéphane, de nous avoir proposé cette bien belle randonnée. 

Photos d’Elisabeth et Stéphane.

Récit d’Elisabeth.


 
 

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