Autrice : Cécile.
Jour 1 : Saint-Nizier-de-Moucherotte – cabane de Moucherotte
Sophie et moi retrouvons Cyril, notre guide pour cette aventure itinérante, au sommet du téléphérique de Grenoble ce dimanche 13 février. Cyril arrive juste de sa traversée de la Chartreuse, il sent un peu la vache, avec une dernière nuit passée à l’abri dans une étable fumante. Il est 12h. Nous commençons par un partage de planches charcuteries fromages sur une terrasse dominant Grenoble pour caler les deniers préparatifs. Il fait grand soleil, à profiter sans modération car la météo n’est pas très bonne pour les jours à venir.
Après cette pause, nous allons nous garer à St-Nizier-de-Moucherotte au départ du vestige du tremplin à ski des JO de 1968. Nous hissons les sacs sur nos dos... Oh hisse, 15 kg pour Sophie et moi, 18 kg pour Cyril. Nous chaussons les raquettes à l’entrée du chemin et nous voilà partis au soleil pour atteindre la cabane du Moucherotte. 5 km mais dénivelé + 700 m. Donc une petite grimpette pour le démarrage ! La pente est un peu raide entre sentiers forestiers étroits et chemins larges avec des vues dégagées sur le mont Blanc et ses chaînes environnantes.
La cabane de Moucherotte
Nous arrivons à la cabane et déposons nos sacs pour aller au sommet admirer le coucher de soleil depuis la table d’orientation.
Coucher de soleil depuis le Moucherotte
Nous sommes les seuls habitants d’un soir de la cabane. Première nuit au frais avec un peu de temps pour trouver ses marques, se changer au sec, préparer son lit et faire chauffer l’eau et manger… toute une organisation… alors vite au lit avec une bouteille qui nous tient bien chaud.. Il est 19h30 et demain départ de bonne heure. Le temps est prévu à la neige.
Jour 2 : cabane de Moucherotte – cabane de Roybon
Au lever à la frontale, habillage, repas et rangement des sacs, et quand nous sortons prendre la route, la neige est bien tombée dans la nuit et nous savons déjà que nous réduirons nos objectifs de marche de la journée à cause de la météo.
Sensation d’être seuls au monde sur ce chemin blanc où nous devons faire la trace, la première de la journée. Juste un cycliste rencontré après une bonne heure de marche qui finalement décide de faire demi-tour. Il pleut, il neige et c’est un vrai paysage nordique qui s’offre à nous. Nous prenons les pistes de ski de fond et découvrons ainsi l’auberge des Allières qui va nous réchauffer à son feu de bois et sa bonne soupe car nous sommes trempés.
Aussi décidons-nous d’arrêter notre marche ce jour à la cabane de Roybon, au-dessus de Villard-de-Lans.
Nous y arrivons en fin de journée, le feu est encore rougeoyant de braises dans le poêle, il n’y a plus qu’à le raviver, travail de Sophie et moi pendant que Cyril part à la recherche de la source pour remplir nos gourdes et poches à eau.
Coucher de soleil au ciel soudain dégagé et laissant découvrir les monts et les vaux.
Une soirée à se raconter notre aventure, pendant que les vêtements sèchent accrochés aux fils. Encore une soirée dans une cabane pour nous seuls.
Nous avons parcouru 17 km avec dénivelé + 700 m dans une belle épaisseur de neige fraiche.
Jour 3 : cabane de Roybon – cabane de Carette : les Hauts Plateaux du Vercors
A la frontale
Les prévisions météo toujours à la neige nous font partir cette fois à la frontale. Lever à 5h pour départ à 6h, nous avons acquis un peu de pratique organisationnelle. La route passe par les Glovettes où nous faisons l’ouverture du centre commercial pour une pause au chaud, puis enchaînons les balcons de Villard, Poutheil, cote 2000, Corrençon-en-Vercors, qui est le départ du sentier des Hauts Plateaux du Vercors.
Sous les balcons de Villard
Nous croisons promeneurs, raquettistes, skieurs de fond, skieurs nordiques et trois skieurs de randonnée avec leur pulka. Le stade de tir de biathlon retentit des tirs. Groupes et familles se dirigent vers l’auberge de Clariant pour déjeuner… Il fait beau, les arbres portent leur manteau de neige et nous trouvons une petite cabane ouverte pour y effectuer notre pause déjeuner, poste d’observation idéal pour regarder la progression des skieurs sur les traces à l’orée de la forêt.
Après notre déjeuner, nos pas nous amènent à un lieu géographique marqué par une sculpture : le 45e parallèle.
Le 45e parallèle
La suite de la randonnée nous amène à croiser des groupes de raquettistes accompagnés de leur guide. Ils sont déjà sur le chemin du retour pour certains ; il faut s’écarter un peu de la trace car ils sont une vingtaine qui se suivent à la queue leu leu, en mode découverte.
Il est 13h30 et il nous reste à peine 4 km à parcourir. Au détour d’un dernier virage, nous découvrons la cabane de Carette, entourée d’une forêt de raquettes. L’entrée est difficile car un groupe finit la pause goûter au chaud, le poêle crépite et nous retrouvons autour du feu les trois skieurs qui tiraient leur pulka. L’occasion pour Cyril de découvrir des connaissances communes avec ces randonneurs en préparation d’expédition hivernale dans le grand Nord avec nuitée sous tente prévue. Brrr, je suis heureuse d’être au chaud car la neige doit tomber toute la nuit…
Ce J 3, nous avons parcouru 18 km, dénivelé + 400 m.
Nous partons, Sophie et moi couper du bois pour laisser une réserve demain aux prochains hôtes de la cabane et Cyril à la recherche de la source. Nous empilons du bois mouillé coupé sur le pied des arbres car pas moyen avec la neige de ramasser du bois mort. Cyril revient bredouille car la source est recouverte par plusieurs mètres de neige… alors ce sera ce soir cuisine à l’eau de neige fondue !!
Cuisine de neige ce soir
Tout sèche bien dans cette cabane où le couchage est au-dessus en mezzanine, un luxe que nous partageons ce soir avec deux skieurs de rando débarqués à la nuit avec leur lampe frontale. Ils nous informent que certains passages que nous avions prévus sont impraticables et nous revoyons une fois de plus notre parcours en fonction des conditions météo.
Jour 4 : cabane de Carette – cabane de Pré Peyret
Lever 6h pour départ à 7h, nos compagnons d’une nuit décident de partir sans déjeuner car leur chemin sera court jusqu’à Corrençon et ils imaginent déjà un petit déjeuner fumant au chaud à la boulangerie en attendant leur navette de retour.
Nous, nous mangeons bien car la journée sera longue et le chemin pénible à tracer dans la neige tombant à gros flocons. Heureusement, les pulkas ont fait la trace qui s’offre à notre vue ce qui facilite la marche. Nous croisons la tente de nos amis en pulka, ils sortent à peine la tête, il est déjà plus de 8h…
Tente et pulkas sur les hauts plateaux
Et la trace devient alors moins visible. Heureusement, soudain apparait une troupe avec ses pulkas, 35 chasseurs alpins en manœuvre, accompagnés de leur guide de montagne. Ils viennent de Jasse-les-Prés, nous sommes donc assurés que la trace sera bien faite jusque-là. C’est magique ces grands plateaux avec les sapins enneigés, la marche se poursuit dans cette ambiance feutrée et plutôt solitaire.
A la cabane de la Jasse, nous faisons la pause et trouvons un groupe de skieurs venant de la cabane de Pré Peyret et trois raquettistes. Hou la la, c’est plein à craquer ici avec des vêtements étendus de tous côtés mais chaleureux. Nous profitons du lieu pour une pause restauratrice au chaud avant de poursuivre notre progression vers la cabane de Pré Peyret. La route est encore longue… et nous parvenons finalement en nocturne à la cabane endormie où nous nous trouvons trois places pour poser nos duvets et nos corps fatigués. La cabane est pleine, les vêtements pendent sur les fils dans la pièce du bas où le feu crépite encore dans le poêle.
Ce J 4, nous avons parcouru 27 km, dénivelé + 800 m
Jour 5 : cabane de Pré Peyret – col du Rousset
Petit déjeuner avec les occupants de la cabane, chaque groupe a son trajet, ses expériences de randonnée et son vécu des derniers jours sous la neige. Pour nous, le dernier jour commence, et un taxi nous attend à Chichilianne. Mais au vu de la météo, il nous sera impossible d’atteindre ce lieu en une journée, alors nous optons pour une sortie dans la vallée par le col du Rousset, facile à atteindre par notre taxi de Grenoble. Après ce choix, nous prenons notre temps ce matin, un peu de repos pour souffler et prendre un petit déjeuner avec de l’eau de la source où Cyril est allé se ravitailler. Et puis cela fait du bien d’échanger avec les autres randonneurs.
Cabane de Pré Peyret
Vers 9h dans le brouillard et la neige, nous reprenons la route et arrivons vers 14h au col du Rousset après avoir traversé les pistes de ski et retrouvé la civilisation. Petit à petit, le ciel s’est dégagé même sur le Grand Veymont qui n’avait pas voulu se découvrir. La température s’est tellement radoucie que la neige est molle, les sapins ont perdu leur blanc manteau et offrent leur couleur verte un peu austère, et l’herbe réapparait déjà de place en place.
En route pour le col du Rousset
A la station du col du Rousset, malgré l’horaire, le restaurant est encore ouvert et nous pouvons nous restaurer d’un repas (non lyophilisé !!!) et de bons desserts maison, en attendant notre chauffeur, prévenu du changement de rendez-vous.
Nous profitons de cette attente pour partager nos impressions et ressentis de cette expédition incroyable en terre inconnue dans des conditions hivernales assez extrêmes.
Merci Cyril, à recommencer !!!
Lors de ce J 5, nous avons parcouru 10 km, et dénivelé + 250 m.
Le taxi nous dépose à notre voiture à Saint-Nizier-de-Moucherotte pour un retour sans souci à Clermont vers 21h.
