Le Tour du Sancy en rêve

Le 16.09.2015, par DamienH


Il en avait rêvé, avait à peine osé imaginer en faire le tour, et, assisté par Christophe Besse, le deuxième organisateur de cette sortie, Stéphane Agon a finalement exaucé son souhait à demi avoué : le tour du Sancy sous une tempête de soleil, en itinérance, quatre jours durant !

 

 

Samedi 9 mai – 1er jour

Rendez-vous à La Bourboule à 9h00 : crachin breton. Réaction bretonne : on entre dans un petit bar à l’air sympathique. On est décontracté mais on sait qu’il va falloir marcher. Double expresso de rigueur. 10h00 : le soleil se lève, photos classiques de départ. 10h05 : c’est parti !

 

On grimpe, les belles vues du Sancy se méritent. Nos deux accompagnateurs – Christophe et notre rêveur – puis Stéphanie, Cyril et Aurélie se suivent jusqu’à midi quand, à 12h15, première panne : la panne d’Ordanche (la Banne pour les puristes…). On les croise de près, on les traverse même, les nuages qu’on voyait plus bas du parking : le ciel nous tombe sur la tête ! Pique-nique sur le puy Gros. L’œil à Guéry, nous cherchons notre route. L’Auvergne radieuse nous sourit ! Seul Cyril atteindra le sommet du puy de l’Ouire ; les quatre autres s’économisent…

 

Après le Lac de Servières, on arrive à Pessade : on scrute – silence dans les rues, on aperçoit le traditionnel « Bar – Restaurant » (un « ouf » de soulagement collectif étouffé) : les 23 km nous ont ouvert l’appétit. Ça tombe bien, ce soir, c’est truffade ! Les randonneurs sont auvergnats – pas au verre niais – alors « Ce sera un d’mi M’sieur ! » Le monsieur compatit. Truffade et tiramisu framboise, les deux femmes font différemment, comme il est d’usage (…).

 

Dimanche 10 mai – 2ème jour

Petit déjeuner à tomber par terre – pain, gâteau, brioche et… 27 km au programme. L’hôtelier me confie ses secrets de cuisson pour le goût d’un gâteau exquis, il m’offre même ce qu’il en reste. Soucieuse de ne pas compresser le cake dans un sac déjà bien rempli, j’en oublie mes bâtons de marche… pour moi, ce sera 28 km. Exit Pessade. Une Auvergne qui chante nous réveille : vue imprenable sur la chaîne des Puys : on les compare, on les commente, chacun a son préféré, comme dans un magasin de puys avec des puys en Védrine (DE Védrine… pour les puristes).

Cyril : « On se Baladou ? »

Stéphane : « Va pour le puy ! »

Les trois autres les observent grimper. On regarde toujours celui qui grimpe, prêt à réagir (leçon d’escalade) – je transpose les consignes d’escalade sur la rando, un peu comme un changement de pied (technique d’escalade). On n’allait pas Sautet l’étape du Rocher, dont la forme – réputée – est, semble-t-il, équivoque. On fait tous oui oui de la tête, perplexes tout de même…

 

13h : pique-nique sur le puy Pouge, devant le massif adventif. Les vagues de printemps éclatent à nos pieds, certains se déchaussent même pour goûter la douceur de l’air. On ne lésine pas au puy Pouge, on engloutit les tranches de cake du matin après quelques tranches de fous rires. On repart du pique-nique le sac plus léger. Mais on a traîné ! 15h, et il reste 17 km avant Courbanges !

Les encadrants sont désolés – on accuse les encadrants. Pas le choix, il faut « mettre la caisse » (dixit Stéphane). Disciplinés, on met la caisse, ce qui justifiera l’état des pieds d’Aurélie le soir, dont Stéphane se gaussera de leur forme en « guirlandes de Noël » au vu du nombre d’ampoules.

Après Bressouleille et ses champs de fleurs naissantes et fragiles, retour brutale à une civilisation quotidienne : nous arrivons sur les bords du Lac Chambon : 16h – un dimanche après-midi. Premières lueurs de l’été, on savoure les délices d’un soleil envoûtant, le flegme des températures généreuses : les locaux d’un jour sortent le parasol, d’autres les maillots de bain. Le foisonnement d’une terre féconde qui célèbre le retour du printemps subit la fascination commerciale du lieu. Les visages, un peu crispés, essaient de se détendre ; l’œil méprisant parfois, devant ces gens bien chargés en ce jour de printemps, un bâton dans chaque main, des gros sacs sur le dos.

Nous, on les laisse frire, sous un soleil de plomb. Ils bronzent. Aux pieds d’argile de fin de journée, mais le moral d’acier, on s’enfuit, parce que quelques centaines de mètres plus loin, on les retrouve enfin : le silence du vent, le cri des oiseaux, les gloussements du printemps qui nous gâtent et nous arrachent au tumulte du quotidien. Sonnés par l’ivresse d’un soleil opulent, ahuris par le désordre minutieux d’une terre plantureuse, on se laisse bercer jusqu’à la joliesse de notre gîte, à Courbanges. 18h30 – 27 km. Choux farcis au menu, il fallait bien ça.

 

Lundi 11 mai – 3ème jour

Départ de Courbanges, par le GR30 et les plaines des moutons, direction Besse, où on se ravitaille au marché : besoin de deux pique-niques pour finir notre tour. On aura même le temps de prendre menthe à l’eau et café en terrasse. Puis on grimpe en direction du Lac Pavin : Cyril et Stéphane en profiteront au passage pour gravir le puy de Pertuyzat. On longe le puy de Montchal, couleurs locales  – pont de Clamouze, un p’tit coup de blues, cascade de la Barthe, si Roland nous voyait…

17h : on n’a pas envie de passer par la route, l’humeur est à couper à travers champs, un champ qui ne nous appartient pas et dont nous croisons le propriétaire au volant de son quad. Quid de l’itinéraire. On hésite. Puis on ose : alors on court, le vilain nous guette, on l’entend, le quad – quadriceps en éveil, on fonce. Puy Céfini. Pas de bagarre, pas de bobo.

Les deux randonneuses constatent : un ennemi, un obstacle, et les langues de nos randonneuses se délient, on soupçonne presque le regret d’une confrontation esquivée. On ne jouera pas à la guerre aujourd’hui. Nos randonneurs se visualisent déjà siroter leur Petite Mousse dans le jardinet du gîte de Chareire – à l’Auberge du Taraffet. 18h10 : après 25 km, le jardinet est là, pas la patronne. Les camelbaks® vides, et pourtant, le bec dans l’eau, on attend.

Le groupe : « les gens exagèrent. »

Une demi-heure plus tard, on s’aperçoit que la porte… n’était pas close. Un gentil petit mot nous accueille chaleureusement, signé : Émilie. On ne lui en veut plus. On lui sourit quand elle arrive. Apéritif champêtre. Émilie nous a préparé une potée auvergnate et de la tarte aux myrtilles.

 

Mardi 12 mai – 4ème jour

On dit au revoir à Emilie. On passe par le village de La Morangie, puis les bois intimistes nous conduisent à une Auvergne marécageuse, qui met nos chaussures Goretex® à l’épreuve. Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Celui de la Fontaine Salée. On ira pique-niquer au Roc de Courlande (1496 m) : vue imprenable sur lae Cantal au sud et sur le Sancy au nord-est. A l’ouest, rien de nouveau, la Corrèze nous observe. Nous attendons le changement (rien à voir avec la Corrèze aux landes lymphatiques et mollassonnes), le  changement est celui du cap : nous traversons Chastreix du regard et partons à point pour atteindre le Plateau de Bozat.

Les plaines, inondées ce matin, et brûlées cet après-midi, nous font marcher, au milieu de rien, sous la chaleur silencieuse d’un été précoce, où le tumulte sauvage chante la joie du printemps. Le « coucou » de l’oisillon retentit, vite rabroué par le cri de la pie. Attentifs, nous suivons les scènes des ménages qui battent de l’aile. Dernière grimpe en haut de la Roche Vendeix. Dernière pause – pause pour des genêts : ça n’est plus l’heure du pique-nique, il est 17h. Quelques photos suffiront : genêts, jonquilles, coucous – oui – on commence à rire jaune, car Sancy attendre, on en finit le tour, on aperçoit le panneau : La Bourboule. La boucle est bouclée. Pile 100 km, face à une nature somptueuse. Quelle belle partie de campagne ! De jolis instants de vie ! Dis Stéphane, t’aurais pas un autre rêve ?

 

Aurélie Barnabé   


 
 

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