L' h i v e r
au
milieu
du
p r i n t e m p s.
C'est une bien belle promenade printanière que nous propose Emily pour le dimanche 3 avril, mais la météo n'en a pas terminé avec ses fleurs d'hiver. Elle nous en dépose de grandes brassées et nous laisse un paysage tout blanc dès le samedi 2. Qu'à cela ne tienne... partons en raquettes ! Demain, nous ressortirons les habits chauds, les rondelles neige de nos bâtons et tout l'attirail d'hiver.
La route en direction de Pontgibaud, pourtant importante, est peu dégagée mais nous parvenons à nous garer non loin du puy des Gouttes qui est notre premier "sommet" du jour. Tout le monde s'équipe et c'est autour des neuf heures trente qu'Agnès, Catherine et moi emboitons le pas à Emily qui fait la trace.
La neige est bien tombée et cumule jusqu’à quinze centimètres d'épaisseur par endroits. Nous amorçons un petit « hors piste » dans la forêt hospitalière et tracée à cet endroit au cordeau par une replantation relativement récente. La neige a surpris tout le monde et même les oiseaux restent cois. Des animaux, seules quelques traces nous indiquent qu’ils vivent bien toujours ici : nous reconnaissons celles d’un lapin qui a parcouru un très long chemin, celles d’un lièvre marquées de bonds spectaculaires ainsi que celles d’un chevreuil. Les branches bien chargées de certains conifères forment des motifs géométriques presque parfaits.
Notre progression continue à travers des bois, naturels cette fois, nous détournant de la droite ligne. Quelques coups d’œil au GPS gardent le cap. Une grande clairière s’ouvre devant nous et la tâche s’annonce alors ardue car la neige nous arrive au dessus des genoux. Quelques pas nous montrent que cette épaisseur est plus impressionnante que bloquante. C’est une poudreuse légère comme une plume et la trace est donc facile à faire. Le rythme de l’ascension redevient aisé. C’est une sensation étrange que de découvrir que le rythme impulsé est le juste : plus lent ou plus rapide, il est difficile à tenir ! Puis, le terrain parsemé de genêts nous oblige à quelque gymnastique peu coutumière... mais nous en rions et Catherine nous fait nous arrêter pour garder sur pellicule ce moment exceptionnel :) La forêt redevient dense et nous débouchons sur le chemin habituel qui mène les promeneurs au sommet du puy des Gouttes. Ce puy forme une sorte de U. Nous profitons... un tout petit peu... de la vue car le soleil voudrait percer. Le ciel vire un peu au blanc avant de revenir sur du gris léger. Nous poursuivons depuis la borne géodésique jusqu’au deuxième point haut du puy des Gouttes (1110 m), puis jusqu’à son voisin : le puy Chopine (1181 m).
Nous apprécions la beauté de ces paysages mais l’heure avance. Déjà 13 heures et il est temps de redescendre pour déjeuner. La météo est toujours mi-neige et les flocons se déposent en douceur sur nos sacs, aussi décidons-nous de regagner la voiture et nos pénates.
Sur le chemin, des panneaux nous informent que Montaigne emprunta ces chemins et écrivit dans ses Essais « Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ? » et inspira notre célèbre compatriote Blaise Pascal dans ses Pensées : « Vérité au deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
C'était la petite note de neige qui nous manquait pour bien commencer le printemps !
Merci Emily.
Autrice : Elisabeth.